Contes et Légendes de Provence
Lou Cant Dou Pastre
Bonjour à toutes et à tous,
Je partage aujourd'hui avec vous un poème qui nous a été transmis par Mr Bailet Albert.
Ce poème a été écrit par J. Passeron, instituteur de profession.
Afin de vous faire partager la langue de notre pays, je vous l'écris dans sa langue originelle et vou en traduit les lignes.
Lou Cant Dou Pastre Le Chant Du Berger |
L'estièu verdissé la campagna, L'été reverdit la campagne |
Lou mes de jiun es arrib , Le mois de juin est arrivé |
L'aneù a quita la montagna, La neige a quitté la montagne |
L'oura de parti a souna. L'heure de partir a sonné |
D'in l'atria tinten li sounaïa Dans l'air tintent les sonnailles |
O pastre cantas siés ourous O berger tu chantes tu es heureux |
Su lou camin plen de roucaïa Sur le chemin plein de rocaille |
Lou tiù can saouta malicious. Ton chant s'envole malicieux |
Damoun es la bella natura En haut est la belle nature |
Lou gran souleù, l'oumbra daù pin Le grand soleil, l'ombre du pin |
As lou ciel blu, la soursa pura Tu as le soleil, la source pure |
E la belessa d'où matin Et la beauté du matin |
La tiù richessa es la couala Ta richesse est la colline |
Lou tiù espoir, la tiù cansoun Ton espoir, ta chanson |
Lou fier camous, l'aïgla que vouala Le fier chamois, l'aigle qui vole |
E l'erba tendra d'où valoun Et l'herbe tendre du vallon |
Su l'ala de l'aria loùgiera Sur l'aile d'une brise légère |
Lou tiù pensie si la pourta Tes pensées se font porter |
Souta lou ciel d'una vous fiera Sous le ciel d'une voix fière |
Cantes l'amour, la liberta Tu chantes l'amour , la liberté |
Bonne Lecture
Le Puits D'amour de Roussillon
Le Puits D'Amour De Roussillon
L'histoire de l'étrange et étonnante bourgade de Roussillon est associée, dans la mémoire collective, à l'une des plus tragiques aventures amoureuses qui, jadis, éclaboussa les gorges et les falaises de ce magnifique terroir de Provence.
Sirmonde, épouse du terrible seigneur du lieu, était tombée en amour d'un jeune troubadour à la taille bien prise, au sourire charmeur, aux couplets gracieux.
Délaissée par un mari aux mœurs rustres, qui partait pour la chasse plus que nécessaire, la sémillante Sirmonde s'en consola dans les bras de Guillaume de Cabestang, page et poète courtois, qui vivait au donjon, et ne pensait qu'à être agréable à sa dame, à lui plaire et à la distraire.
Dévoré par la jalousie, le triste sire de châtelain, qui n'avait cessé de faire espioner sa conjointe à laquelle il ne témoignait pas plus de confiance que d'attention, ayant appris son infortune, tua sauvagement et rageusement son rival, d'un imparable coup de dague.
Et non content du meurtre, il fit ignominieusement dépecer le cadavre par ses gens et l'apprêter par son meilleur cuisinier.
À son retour, le cassaire offrit à sa femme un superbe banquet au menu duquel figurait un mets des plus succulents.
Quand Sirmonde, ignorant la sordide et sinistre machination, s'en fut amplement régalée, l'horrible Raymond lui avoua, éclatant d'un rire sardonique, qu'elle venait de déguster voluptueusement le cœur de son champion amant.
Apprenant l'insupportable vérité, la malheureuse, atterrée, trouva toutefois l'énergie de se lever et de déclarer publiquement qu'elle avait fort bien mangé et ce, pour toujours.
Puis, elle erra comme une âme en peine, le long des remparts, en proie aux pires tourments, et courut se précipiter du haut du baous proches qui se teintèrent de son sang pour l'éternité.
À l'endroit même où son corps s'enfonça dans le sol, une source jaillit et l'on raconte que les habitants du pays se dépêchèrent de la métamorphoser en puits couvert, afin que la dépouille de la défunte reste à jamais à l'abri de l'ire des mâles soupçonneux !!!!
On dit aussi que le promeneur avisé et observateur saura lire, dans les ombres des reliefs alentour, le sombre profil du sieur Raymond.
De ce dramatique épisode est née en épilogue l'ocre, pigment autour duquel s'est créée toute une industrie aux activités diversifiées, dirigées vers le délicat domaine de l'esthétique domestique, à dessein de confectionner poterie, peinture et patine.
En Vaucluse, on l'emploie, depuis des siècles, pour colorer les façades, qui prennent ainsi une chaude nuance de terre ignée.
Villages et paysages se confondent alors, pour donner vie à des sitees uniques, en une symphonie fantastique de vermillon, incarnat, vermeil...qui contraste plaisamment avec l'émeraude des pinèdes.
Une contrée où la nature se fait magistrale, dans un univers fascinant, saisissant et troublant de cirques, cheminées de fée, scialets et mille autres reliefs escarpés, où décoration et inclinaison partagent les mêmes reflets de feu!!!!!
Ève et le citron
Nul n'ignore que le paradis était un verger luxuriant à la végétation foisonnante, verdoyante, exubérante.
Outre le fameux arbre de la connaissance du bien et du mal, il comptait nombre d'essences exotiques, au nom évocateur, dont la seule prononciation vous ensoleillait toutes les méninges.
Lorsque Adam et Ève, subissant l'ire et la foudre de Dieu, quittèrent nus et démunis le pourpris céleste, ils ne manquèrent pas de présence d'esprit.
Nul ne sait comment celle par qui le malheur est arrivé- selon une tradition et une interprétation sommaires et erronées- opéra mais, en tout cas, elle déroba, à l'insu des anges, un superbe citron.
Encore une soumission à la tentation !!! Et toujours pour un fruit!!! Pourtant, cette fois, elle n'avait pas pour dessein de le croquer.
Simplement de l'emporter, comme souvenir emblématique du temps idyllique où tout n'était qu'ignorance, abondance et tempérance.
Le bonheur d'avant la chute!!
Les savants, les théologiens et force exégètes se sont donc longtemps interrogés sur la façon dont la mère de tous les hommes procéda pour cacher l'agrume, sans éveiller le moindre soupçon.
Après moult méditations, tergiversations et contestations, ils conclurent de concert en conclave qu'elle avait dissimulé l'objet de ses convoitises dans son opulente chevelure, blonde évidemment, pour davantage de discrétion.
On sait l'errance que connut le couple maudit, en quête d'un improbable lieu, qui pût lui remémorer l'Eden perdu.
Adam et Ève parcoururent la terre, traversant plaines et déserts, escaladant monts et glaciers, franchissant mers et fleuves à la recherche de l'endroit adéquat.
Las!! le premier homme et la première femme se sentaient désespérés. ils étaient sur le point de renoncer à trouver cet endroit magique, mirifique, quand ils atteignirent le site de la future Menton.
Alors, ils furent transportés de bonheur et d'émotion.
Émerveillés par la beautédu paysage, par la pureté du rivage et la sérénité du voisinage, ils comprirent immédiatement qu'ils avaient là, sous leurs yeux comblés, le panorama qu'ils espéraient depuis si longtemps.
Ève, qui avait précieusement pressé le citron au fond de sa poche, au cours de ce long périple, le sortit religieusement et le planta cérémonieusement :
' croîs et multiplie-toi, citrus du jardin biblique, dans ce pays digne de toi et béni des dieux!'
Aussitôt, comme par miracle, des centaines de citronniers sortirent spontanément du sol, tout couverts de gros pendentifs à la couleur suprêmemt soufrée.
Les époux décidèrent sur le champ de s'installer en cette contrée merveilleuse et entreprirent de lui assurer une valorisation inextinguible. Ils veillèrent aussi à la pérennisation des générations, à l'abri des serpents et du Malin.
Ce petit conte irrévérencieux, mais jamais rancunier, témoigne avec bonhomie de l'humour et de l'humeur franchement meridionaux.
Mais on peut néanmoins lui adresser deux sympathiques reproches:
- il ne précise pas si c'est en guise de sanction de cette impertinente aventure, que le principal et prodigieux ingrédient de la limonade a conservé un brin d'acidité
- il se tait prudemment et pudiquement sur le fait que Caïn aurait ouvert les yeux sur cette baie!!!
Ève et le citron
Bonjour à toutes et à tous,
À l'occasion de la fête du Citron qui se déroule à Menton, je me suis penchée sur les contes et légendes qui enrichissent notre pays.
Je souhaite partager avec vous une amorce de celui-ci et pour les curieux ou les explorateurs, retrouvez moi à la toute nouvelle rubrique des contes et légendes créé à l'occasion de la fête du Citron pour cette année 2020.