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Ève et le citron

Nul n'ignore que le paradis était un verger luxuriant à la végétation foisonnante, verdoyante, exubérante.

Outre le fameux arbre de la connaissance du bien et du mal, il comptait nombre d'essences exotiques, au nom évocateur, dont la seule prononciation vous ensoleillait toutes les méninges.

Lorsque Adam et Ève, subissant l'ire et la foudre de Dieu, quittèrent nus et démunis le pourpris céleste, ils ne manquèrent pas de présence d'esprit.

Nul ne sait comment celle par qui le malheur est arrivé- selon une tradition et une interprétation sommaires et erronées- opéra mais, en tout cas, elle déroba, à l'insu des anges, un superbe citron.

Encore une soumission à la tentation !!! Et toujours pour un fruit!!! Pourtant, cette fois, elle n'avait pas pour dessein de le croquer.

Simplement de l'emporter, comme souvenir emblématique du temps idyllique où tout n'était qu'ignorance, abondance et tempérance.

Le bonheur d'avant la chute!!

Les savants, les théologiens et force exégètes se sont donc longtemps interrogés sur la façon dont la mère de tous les hommes procéda pour cacher l'agrume, sans éveiller le moindre soupçon.

Après moult méditations, tergiversations et contestations, ils conclurent de concert en conclave qu'elle avait dissimulé l'objet de ses convoitises dans son opulente chevelure, blonde évidemment, pour davantage de discrétion.

On sait l'errance que connut le couple maudit, en quête d'un improbable lieu, qui pût lui remémorer l'Eden perdu.

Adam et Ève parcoururent la terre, traversant plaines et déserts, escaladant monts et glaciers, franchissant mers et fleuves à la recherche de l'endroit adéquat.

Las!! le premier homme et la première femme se sentaient désespérés. ils étaient sur le point de renoncer à trouver cet endroit magique, mirifique, quand ils atteignirent le site de la future Menton.

Alors, ils furent transportés de bonheur et d'émotion.

Émerveillés par la beautédu paysage, par la pureté du rivage et la sérénité du voisinage, ils comprirent immédiatement qu'ils avaient là, sous leurs yeux comblés, le panorama qu'ils espéraient depuis si longtemps.

Ève, qui avait précieusement pressé le citron au fond de sa poche, au cours de ce long périple, le sortit religieusement et le planta cérémonieusement :

' croîs et multiplie-toi, citrus du jardin biblique, dans ce pays digne de toi et béni des dieux!'

Aussitôt, comme par miracle, des centaines de citronniers sortirent spontanément du sol, tout couverts de gros pendentifs à la couleur suprêmemt soufrée.

Les époux décidèrent sur le champ de s'installer en cette contrée merveilleuse et entreprirent de lui assurer une valorisation inextinguible. Ils veillèrent aussi à la pérennisation des générations, à l'abri des serpents et du Malin.

Ce petit conte irrévérencieux, mais jamais rancunier, témoigne avec bonhomie de l'humour et de l'humeur franchement meridionaux.

Mais on peut néanmoins lui adresser deux sympathiques reproches:

- il ne précise pas si c'est en guise de sanction de cette impertinente aventure, que le principal et prodigieux ingrédient de la limonade a conservé un brin d'acidité

- il se tait prudemment et pudiquement sur le fait que Caïn aurait ouvert les yeux sur cette baie!!!

 



28/02/2020
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